Le phénomène migratoire est devenu un paramètre incontournable dans les relations internationales. L’Homme, depuis des temps immémoriaux, dans sa quête de liberté, d’espace, de savoir et de biens s’est toujours déplacé au gré de ses intérêts. Toutefois, un des grands défis auxquels notre continent a été confronté ces dernières années est celui de la recrudescence de flux migratoires illégaux. Face à ce phénomène de l’émigration clandestine, les pays ont très vite eu tendance à mettre en avant les impératifs sécuritaires, à fermer les frontières après avoir imposé des visas et des quotas qui n’ont servi de bouclier efficace à une Europe d’abondance face à l’Afrique sous-développée.
Maître Abdoulaye Wade s’est très vite distingué parmi les leaders africains dans la gestion de ce phénomène en imposant à ses interlocuteurs européens une toute autre vision et une toute autre approche dans la gestion de cette question que d’aucuns considèrent comme un des défis majeurs du 21ème siècle.
Le Président, après avoir affirmé, sans ambages et en parfait accord avec ses convictions libérales, qu’il était pour l’émigration clandestine tolérance zéro dans un article retentissant publié par le journal « Le Monde », obtiendra de tous ses partenaires qui devaient négocier avec le gouvernement sénégalais l’abandon de l’approche unilatérale et de la politique du fait accompli, par une nouvelle approche concertée dans la gestion de ce phénomène et de ses conséquences. D’abord, il exigea le respect de la dignité et des droits de l’Homme pour toute personne devant être rapatriée, ce qui n’était pas toujours le cas auparavant. Ensuite, dans le souci de rétablir l’équité et l’égalité des chances, il proposa aux Européens, pour mieux gérer ce phénomène et inverser les tendances, de bâtir un « partenariat fécond et confiant » fondé :
d’une part, sur la mise en place de projets alternatifs crédibles comme le plan REVA (Retour Vers l’Agriculture) revêtant un caractère multisectoriel et dont les premiers jalons sont en train d’être posés avec la mise en place de pôles d’émergence agricole dans toutes les régions du Sénégal ;
d’autre part, sur la définition de quotas d’émigration régulière avec les partenaires qui ont signé des accords avec le Sénégal, ce qui permet le départ sans risques de milliers de jeunes munis de contrats de travail en bonne et due forme. Ces accords prévoient aussi la délocalisation d’entreprises de pays développés ici même au Sénégal afin d’offrir des emplois à de nombreux jeunes, sans parler du « know-how » et de la stimulation de l’économie sénégalaise induits par ces échanges.
Cette nouvelle vision du Président Abdoulaye Wade est aujourd’hui partagée par des partenaires comme l’Espagne, la France, le Maroc et l’Union européenne. Elle a été également confortée par les résolutions issues de la Conférence euro-africaine de Rabat sur la migration et le développement qui a retenu la gestion concertée des flux migratoires comme la meilleure approche pour la maîtrise de ce phénomène.